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Sénégal : l’opposant Ousmane Sonko revient dans la course à la présidentielle

Hier encore, Ousmane Sonko semblait K.-O., mais à deux mois de l’élection présidentielle, le principal opposant sénégalais vient d’obtenir qu’un nouveau round soit lancé. Jeudi 14 décembre, le tribunal de grande instance de Dakar a annulé l’acte décidant de sa radiation sur les listes électorales. En d’autres termes, le principal adversaire d’Amadou Ba, le premier ministre candidat du parti au pouvoir, pourrait désormais être candidat à la magistrature suprême le 25 février.
Un rebondissement spectaculaire au terme de mois de procédures judiciaires complexes et d’audiences interminables. La justice a tant duré que les Dakarois, autrefois si fervents, avaient fini par se désintéresser de toutes ses décisions. Les mobilisations de militants qui avaient accompagné chacune des comparutions d’Ousmane Sonko entre 2021 et juin 2023 semblaient lointaines jeudi matin. Seul le déploiement des forces de l’ordre à chaque coin de rue était là pour rappeler la capacité de mobilisation de ce tribun, personnage iconoclaste dans le paysage politique sénégalais.
Poursuivi dans plusieurs affaires, Ousmane Sonko avait été radié des listes électorales en août, deux mois après avoir été condamné à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse » dans un dossier qui l’opposait à Adji Sarr, une employée d’un salon de massage qui l’accusait de l’avoir violée. Il est en détention depuis fin juillet, mais pour d’autres chefs d’inculpations : il est poursuivi pour appel à l’insurrection et atteinte à la sécurité de l’Etat. Il a en outre été condamné à six mois de prison avec sursis pour diffamation et injure publique à l’encontre du ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang.
Ces démêlés avec la justice avaient arrêté net la trajectoire spectaculaire de celui que beaucoup surnommaient « la comète ». Le discours souverainiste et panafricaniste de cet ancien fonctionnaire de 49 ans l’a rendu si populaire qu’en quelques années il est devenu l’opposant le plus menaçant pour Macky Sall et sa coalition. Particulièrement apprécié par la jeunesse, sensible à ses diatribes contre la corruption, les multinationales et l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française, il avait été élu maire de Ziguinchor, ville au sud du pays, en janvier 2022 et était arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019.
Si la décision du tribunal de grande instance de Dakar remet en selle le leader des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), un parti dissous fin juillet par le gouvernement, elle ne lève pas tous les obstacles. A la sortie de l’audience jeudi, les avocats de l’Etat sénégalais ont annoncé qu’ils allaient saisir la Cour suprême pour casser ce jugement. « Bien sûr que nous allons faire un pourvoi en cassation pour casser la décision du juge du tribunal d’instance de Dakar. Ce n’est pas la peine de crier victoire et de jubiler trop tôt », a lancé Me El Hadj Diouf, avocat de l’Etat, à la sortie de l’audience jeudi.
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